Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, II.djvu/449

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ſur l’horiſon, on pourra, ſelon voſtre doctrine, voir le Soleil qui eſt ſous l’horiſon, meſme en plaine nuit ; veu que toutes les boules de chacune de ces lignes ſont mües par le Soleil iuſques à l’œil, & que cela 5 ſuffit pour le ſentiment de la Lumiere ; ou vous | ſerez contraint de reformer les deſcriptions que vous en auez données.

8. Puiſque l’opacité vient de la matiere, quelque pure qu’elle ſoit imaginée, il eſt certain que là où il y aura plus de matiere, cæteris paribus, là auſſi il y aura plus de denſité & d’opacité. C’eſt pourquoy prenez de l’eau & de l’air purifiez en perfection, l’eau ſera touſiours plus opaque que l’air en égale épaiſſeur ; & doublant l’épaiſſeur de l’eau, elle ſera encore plus opaque 15 en aparence au reſpect du meſme air : donc le double de l’épaiſſeur de l’eau eſt plus opaque que le ſimple. Et ainſi en eſt-il du verre ; car le double de l’épaiſſeur de l’eau ou du verre fera le meſme effet que le meſme double reduit au ſimple par condenſation ; mais la 20 denſité ſeroit double, & par conſequent l’opacité double. Et l’experience de cecy ſe voit dans les eſſences, huiles & eſprits purifiez par la Chymie juſqu’à telle perfection, qu’ils ne laiſſent plus aucunes feces ou impuretez. Au reſte, ie ne voy pas que les lignes 2 & 17 25 de la 8 page de voſtre Dioptrique parlent de diuers rayons, mais ſeulement du rayon materialiter ſumptum ; et le formel n’eſtant qu’imaginaire ne ſeroit pas propre à vuider noſtre difficulté, car il n’eſt pas ſujet à eſtre deſtourné par aucune rencontre, eſtant touſiours 30 imaginé droit à trauers tous les obſtacles.

9. Vous ayant propoſé deux yeux luiſans, comme