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��Correspondance.

��que lorsqu'il avait vu l'ouvrage latin, il enverra à Mersenne son sentiment, assez longuement développé. Enfin, le 25 décembre (lettre CLXXIX, p. 629, 1. i3-i6), il dira encore un mot d'Herbert de Cherbury, pour ap- prouver une critique de Mersenne.

Eding (ou Esding ou Hesdin, comme l'imprime aussi Clerselier') ne semble pas, d'après son nom (peut-être, au reste, défiguré), avoir été un Français. Ce pouvait être un Hollandais, mais aussi bien un Anglais, en tout cas catholique; Descartes paraît s'être lié avec lui à Leyde en i636- 1637, mais, en juin 1639, Eding se trouvait à Paris, et il pouvait avoir quitté la Hollande depuis plus d'un an. En tout cas, s'il envoya, en i638, à Descartes (de Londres?) l'ouvrage de Cherbury, ce dut être, semble-t-il, non la première édition (Paris, 1624), mais la seconde, dont voici le titre complet :

a De Veritate, prout distinguitur a Revelatione, a Verisimili, a Possi- » bili etaFalso. Hoc opus condidit Eduardus Baro Herbert de Cher- » bury in Anglia, et Castri Insulae de Kerry in Hibernia, et Par utriusque » regni. Et lectori cuivis integri et illibati iudicii dicavit. — Exe. Lutetiae » Parisiorum, MDCXXIV. lam denuô sed auctius et emendatius recud. » Londini per Augustinum Matthaeum, M DC XXXHI. » (Bibl. Nat. Inv. D» 1542.)

Cependant l'examen de cette édition ne nous a permis ni de recon- naître sûrement dans l'ouvrage de Cherbury celui auquel est consacrée la lettre CXL, ni d'exclure ce livre avec certitude.

Descartes s'étend assez longuement sur « le dessein de ramasser dans » vn seul liure tout ce qu'il y a d'vtile en tous les autres « (p. 346, 1. 10, à p. 347, 1. 9). A-t-il pris prétexte de l'idée de Cherbury d'adopter pour règle des vérités le consentement universel? On ne trouve pas, en effet, dans le De Veritate, l'exposition formelle du « dessein » visé par Des- cartes.

La véritable pensée de Cherbury ressort, par exemple, de ce passage (p. 160) : « Veritas quae in aliorum scriptis invenitur, nisi tua, nisi com-

>' munis utique fuerit, Auctori permittenda est ad te ipsum igitur

» regredere, ut ad facultates proprias universas Auctorum sententias » reducas; quas utilissime evolvi comperies, quatenus notitias communes » excitant; restât ut ex hac Methodo nostrâ Verum kfalso,.in proposi- » tione quacumque data, sépares : alia enim ad veritatem non superest » via; neque igitur vel operosa videri débet doctrina nostra, vel molesta, » quibus Veritas cara est, praesertim cùm Zeteticorum nostrorum ope ï indoctissimus quisque intégra volumina conficere possit, et quidem » circa objectum quodcumque. »

Si l'auteur examiné par Descartes annonçait un livre (plus haut, p. 347, 1. 6), Cherbury répond bien à cette condition. On Ht, en effet, dans son

I. Voir ci-avant p. 571, 1. i, variantes, et p. 620, 1. 3, lettre du i3 no- vembre 1639.

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