Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, III.djvu/556

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544 Correspondance. ii, 3o9-?io.

vous m'auiez mandé fur le Pfeaume quatorziefme ; mais ie ne les ay fceu trouuer, ny rien de luy fur ce Pfeaume. l'y ay auffi cherché les erreurs de Pelagius, pour fça- uoir fur quoy fe peuuent fonder ceux qui difent que ie fuis de fon opinion, laquelle i'auois ignorée iufqu'à 5 prefent. Mais iadmire que ceux qui ont enuie de mé- dire, s'auifent d'en chercher des prétextes û peu véri- tables & fi tirez par les cheueux. Pelagius a dit qu'on pouuoit faire de bonnes œuures & mériter la Vie éter- nelle fans la Grâce, ce qui aefté condamné de l'Eglife; lo & moy, ie dis qu'on peut connoiftre par la raifon na- turelle que Dieu exifle, mais ie ne dis pas pour cela que cette connoiflance naturelle mérite de foy, S: fans la Grâce, la Gloire furnaturelle que nous attendons dans le Ciel. Car, au contraire, il eft euident que, cette ' 5 Gloire eftant furnaturelle, il faut des forces plus que naturelles pour la [mériter. Et ien'ay rien dit touchant la connoiffance de Dieu^ que tous les Théologiens ne difent auffi. Mais il faut remarquer que ce qui fe con- noift par raifon naturelle, comme qu'il eH tout bon, 20 toutpuiffant, tout véritable &c., peut bien feruir à pré- parer les infidelles à receuoir la Foy, mais non pas fuffire pour leur faire gagner le Ciel; car, pour cela, il faut croire en lefus-Chrift & aux autres chofes reue- lées, ce qui dépend de la Grâce. zS

le voy qu'on fe méprend fort aifément touchant les chofes que i'ay écrites ; car la vérité eftant indiuifible, la moindre chofe qu'on en ofte, ou qu'on y adioufte, la falfifie. Comme, par exemple, vous me mandez comme vn axiome qui vienne de moy : que tout ce que 3o nous conceuons clairement ejî ou exijîe; ce qui n'eft nul-

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