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46 Correspondance. 11,2.6-217?

Mon Reuerend Père,

Quoy que i'aye receu trois de vos lettres depuis ma dernière, ie n'y trouue pas toutesfois affez de matière pour remplir cette feuille. Car la première, du qua- trième Mars, ne contient que l'obferuation des decli- 5 naifons de l'Ayman, qui varient en Angleterre, auec vn raifonnement qu'vn Mathématicien, que vous ne nommez point, a fait fur ce fujet*; lequel raifonne- ment efl fort bon pour en découurir la caufe à l'aue- nir. Mais fi vous attendez que ie vous die par proui[fion 10 ma conjedure, comme ie ne croy pas que les decli- naifons de l'Ayman viennent d'ailleurs que des inéga- litez de la terre, auffi ne croy-je point que la variation de ces declinaifons ait vne autre caufe que les altéra- tions qui fe font en la maffe de la terre : foit que la 1 5 mer gagne d'vn cofté & perde de l'autre, ainfi qu'on voit à l'œil qu'elle fait en ce pais ; foit qu'il s'engendre d'vn cofté des mines de fer ou qu'on en épuife de l'au- tre; ou foit feulement qu'on ait tranfporté quelque quantité de fer, ou de brique, ou d'argile, d'vn cofté 20 de la ville de Londres vers l'autre. Car ie me fouuiens que, voulant voir l'heure à vn quadran, où il y auoit vne aiguille frotée d'Ayman, eftant aux champs proche d'vn logis qui auoit de grandes grilles de fer aux fe- neftres, i'ay trouué beaucoup de variation en l'aiguille, 25 en m'éloignant mefme à plus de cent pas de ce logis, & pafTant de fa partie orientale vers J'occidentale, pour en mieux remarquer la différence. Pour le Ciel, il n'eft pas croyable qu'il y foit arriué aiTez de chan- gement en û peu d'années, pour caufer cette varia- 3o

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