qu’il fut en cette ville, dont il me renuoya a vous pour en receuoir la ſatisfaction requiſe. La honte de vous montrer vn ſtyle ſi dereglé m’a empeſché iuſqu’icy de vous demander cette faueur par lettre.
Mais auiourd’huy, M. Palotti m’a donné tant d’aſſurance de vostre bonté pour chacun, & particulierement pour moy, que i’ay chaſſé toute autre conſideration de l’eſprit, hors celle de m’en preualoir, en vous priant de me dire comment l’ame de l’homme peut determiner les eſprits du corps, pour faire les actions volontaires, (n’eſtant qu’vne ſubftance penſante). Car il ſemble que toute determination de mouuement ſe fait par la pulſion de la choſe mue, a maniere[1] dont elle eſt pouſſée par celle qui la meut, ou bien[2], de la qualification & figure de la ſuperficie de cette derniere. L’attouchement eſt requis aux deux premieres conditions, & l’extenſion a la troiſieſme. Vous excludez[3] entierement celle-cy de la notion que vous auez de l’ame, & celuy-la me paroiſt incompatible auec vne choſe immaterielle. Pourquoy ie vous demande vne definition de l’ame plus particuliere qu’en voſtre Metaphyſique, c’eſt a dire de ſa[4] ſubſtance, ſeparée de ſon action[5], de la penſée. Car encore que nous les ſuppoſions inſeparables, (qui[6] toutefois eſt difficile a prouuer dans le ventre de la mere & les grands euanouiſſemens), comme les attributs de Dieu, nous pouuons, en les conſiderant a part, en acquerir vne idée plus parfaite.