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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/316

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plus profitable que ie ne la ſaurois trouuer de mon chef, iene ſuis point faſchée de les changer pour des verités ſi neceſſaires que celles qui comprennent les moyens de fortiſier l’entendement, pour diſcerner ce qui eſt le meilleur en toutes les actions de la vie[1], a condition que vous y aioutiez encore l’explication dont ma ſtupidité a beſoin, touchant l’vtilité des connoiſſances que vous proposez.

Celle de l’exiſlence de Dieu & de ſes attributs[2] nous peut conſoler des malheurs qui nous viennent du cours ordinaire de la nature & de l’ordre qu’il y a établi, comme de perdre le bien par l’orage, la ſanté par l’infection de l’air, les amis par la mort ; mais non pas de ceux qui nous[3] ſont impoſés des hommes, dont l’arbitre nous paroiſt entierement libre, n’y ayant que la foi ſeule qui nous puiſſe perſuader que Dieu prend le ſoin de regir les volontés, & qu’il a determiné la fortune de chaque perſonne auant la creation du monde.

L’immortalité de l’ame, & de ſauoir qu’elle eſt de beaucoup plus noble que le corps[4], eſt capable de nous faire chercher la mort, auſſi bien que la meſpriſer, puiſqu’on ne ſauroit douter que nous viurons plus heureusement, exemts des maladies & paſſions du corps. Et ie m’eſtonne que ceux qui ſe diſoient perſuadés de cette verité & viuoient ſans la loi reuelée, preſeroient vne vie penible a vne mort auantageuſe.

La grande eſtendue de l’vniuers[5], que vous auez

  1. Voir ci-avant p. 291, l. 6.
  2. Ibid., l. 20.
  3. nous] vous.
  4. Page 292, l. 5.
  5. Ibid., l. 13.