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CCCXXIM. — i Novembre 1643. J)

Monûeur,

I'ay leu auec attention la letre que vous m'auez fait la faueur de m'efcrire, & ie vous en fuis extrême- ment obligé. le ne fçay fi l'article de la couftume, fur

5 lequel mon aduerfaire fe fonde 3 , fe peut entendre de ceux qui ne font point fous leur iurifdi&ion ; car, fi cela eftoit, il n'y auroit perfonne en lieu du monde, fur lequel ils ne peuiïent eftendre leur puiffance, en faifant faire des liures contre luy, remplis de toute

10 forte d'iniures & calomnies, puis, s'il ofe s'en plaindre, en l'accufant d'eftre luy mefme le calomniateur. De dire aufly que i'ay efcrit contre la Ville ou l'Académie, c'eft chofe très fauffe & fans apparence ; car i'ay eu partout plus de foin que ie ne deuois, de les efpar-

i5 gner. Mais ie voy bien qu'il n'eft pas queftion de dif- puter le droit; il faut feulement que i'aye foin de me garentir de la violence, & de pouruoir a ma feureté ; car, pour mon honneur, il me femble qu'ils y pour- uoyent eux-mefmes. le ne voudrois pas que V(oetius)

20 euft pouuoir de me faire arefter en quelque mauuaife hoftelerie, ny mefme en quelque lieu que ce fuft, a caufe que, cela eftant, ie ferois obligé d'entreprendre vn procès, & c'eft a quoy ie ne me refoudray que le plus tard qu'il me fera poflible. Mais ie n'ay point deftein

2 5 d'aller plus loin que d'icy a la Haye, iufques a ce que l'affaire foit en autre eftat qu'elle n'eft, & ie ne fçay fi, en cete prouince, il me pourroit faire ainfy arefter, & fi, en ce cas, ce ne feroit pas deuant les iuges du lieu, ou ie ferois ainfy arefté, que la caufe deuroit eftre dii-

a. Voir ci-atfant p. 3i, 1. 5.

Correspondance. IV. !>

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