Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IV.djvu/549

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i, io3-io 4 . CDLIII. — I er Novembre 1646. 5^

que i'ay apris de très-bonne part ; & mefme Monfieur Cl(erfelier) m'a écrit 3 que vous attendez de luy mes Méditations Françoifes b , pour les prefenter à la Reyne du pais où vous eftes c . le n'ay iamais eu aflez d'am- 5 bition pour délirer que les perfonnes de ce rang fceuf- fent mon nom,& mefme, fi i'auois efté feulement auffi fage qu'on dit que les fauuages fe perfuadent que font les finges, ie n'aurois iamais efté connu de qui que ce foit, en qualité de faifeur de liures : car on

10 dit qu'ils s'imaginent que les finges pourroient parler, s'ils vouloient, mais qu'ils s'en abftiennent, afin qu'on ne les contraigne point de trauailler; & pource que ie n'ay pas eu la mefme prudence à mabftenir d'écrire, ie n'ay plus tant de loifir ny tant de repos que i'aurois,

i5 fi i'euïTe eu l'efprit de me taire. Mais,puifque la faute eft défia commife, & que ie fuis connu d'vne infinité de gens d'Ecole, qui regardent mes écrits de trauers, &y cherchent de tous coftez les moyens de me nuire, i'ay grand fuiet de fouhaitter auffi de l'eftre des per-

20 fonnes de plus grand mérite, de qui le pouuoir & la vertu me puhTent protéger.

Et i'ay oûy faire tant d'eftime de cette Reyne, qu'au lieu que ie me fuis fouuent plaint de ceux qui m'ont voulu donner la connoiffance de quelque Grand, ie

25 ne puis m'abftenir de vous remercier de ce qu'il vous a plû luy parler de moy. I'ay vu icy Monfieur de la Thuillerie, depuis fon retour de Suéde, lequel m'a

a. Serait-ce dans la lettre du 10 août, mentionnée ci-avant p. 5i3,1.i8?

b. La traduction française ne paraîtra que dans les premiers jours de 1647. Voir lettre CDLVIII ci-après, du 9 novembre.

c. Chanut était résident de France près de la reine Christine de Suède, à Stockholm.

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