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VI
Avertissement

ou même de Clerselier, son traducteur ; et comme elles sont de 1673, elles n’ont pas pu être connues du philosophe, mort en 1650. Répondent-elles exactement à sa pensée, et les aurait-il admises sans difficulté ? Nul ne le sait, et il est fort possible que, soit pour le fond, soit pour la forme, il y eût trouvé beaucoup à redire. Elles n’ont donc aucun titre à prendre place dans une édition où tout doit être de Descartes lui-même, ou du moins avoir été approuvé par lui.

La troisième édition écartée, faudra-t-il s’en tenir à la seconde, celle de 1661 ? À part la division en articles, et les sommaires et renvois, qui n’apparaissent qu’en 1673, ce sont les mêmes textes, mis dans le même ordre ; la pagination est aussi la même. Mais le titre annonce une particularité importante : « Seconde édition », dit-il, « augmentée de la verſion d’vne Lettre de Mr Des-Cartes au R. P. Dinet, & de celle des ſeptieſmes Objections & de leurs Reſponſes. » En effet, ces deux pièces manquent l’une et l’autre dans la première traduction de 1647 comme dans la première édition latine, Paris, 1641. Ce n’est que plus tard, en vue de la seconde édition française de 1661, que Clerselier les traduisit, pour compléter la première[1]. Mais Descartes, qui était mort depuis dix ans, ne put avoir connaissance de ces deux pièces nouvelles en français. Il ne vit et ne corrigea que la première traduction, qui s’en tenait aux Objections et Réponses publiées en 1641. Seules celles-ci peuvent donc paraître dans une édition de ses œuvres, et on ne saurait admettre, sous son autorité et sa garantie, les deux additions de l’édition française de 1661.

La première traduction elle-même, celle de 1647, peut-elle être reproduite intégralement ? Il ne le semble pas. Sans doute Descartes eut communication des pièces déjà traduites, lors de

  1. En 1645, lorsqu’il se décida à laisser imprimer une traduction de ses Méditations, Descartes, réconcilié avec le P. Bourdin, ne pouvait désirer ce complément. Au reste, à ce moment, comme on va le voir, Clerselier était loin d’avoir terminé sa version du texte de la première édition latine.