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i6i-i62. Secondes Réponses. 125

IV. Les mefmes chofes font dites eftre formellement dans les objets des idées, quand elles font en eux telles que nous les conce- uons ; & elles font dites y eflre éminemment, quand elles n'y font pas à la vérité telles, mais qu'elles font fi grandes qu'elles peuuent fupléer à ce défaut par leur excellence.

V. Toute chofe dans laquelle refide immédiatement comme dans fon fujet, ou par laquelle exifte quelque chofe que nous conceuons, c'eit à dire quelque propriété, qualité, ou attribut, dont nous auons

en nous vne réelle idée, s'appelle Subjiance. Car nous | n'auons point 207 d'autre idée de la fubflance precifément prife, finon qu'elle eft vne chofe dans laquelle exifte formellement, ou éminemment, ce que nous conceuons, ou ce qui eft objeftiuement dans quelqu'vne de nos idées, d'autant que la lumière naturelle nous enfeigne que le néant ne peut auoir aucun attribut réel.

VI. La fubftance, dans laquelle refide immédiatement la penfée, eft icy apellée Efprit. Et toutesfois ce nom eft équiuoque, en ce qu'on l'attribue aufli quelquesfois au vent & aux liqueurs fort fub- tiles; mais ie n'en fçache point de plus propre.

VII. La fubftance, qui eft le fujet immédiat de l'extenfion & des accidens qui prefupofent l'extenfion, comme de la figure, de la litua- tion, du mouuement local, &c., |s'apelle Corps. Mais defçauoir fi la fubftance qui eft apellée Efprit eft la mefme que celle que nous apc- lons Corps, ou bien fi elles font deux fubftances diuerfes & fepa- rées, c'eft ce qui fera examiné cy-aprés.

VIII. La fubftance que nous entendons eftre fouuerainement par- faite, & dans laquelle nous ne conceuons rien qui enferme quelque défaut, ou limitation de perfection, s'apelle Dieu.

IX. Quand nous difons que quelque attribut eft contenu dans la nature ou dans le concept d'vne chofe, c'eft de mefme que fi nous difions que cet attribut eft vray de cette chofe, & qu'on peut alfurer qu'il eft en elle.

X. Deux fubftances font dites eftre diftinguées réellement, quand chacune d'elles peut exifter fans l'autre.

I Demandes. 208

le à^md^nàz, premièrement, que les Lecteurs confiderent combien foibles font les raifons qui leur ont fait iniques icy adjoufter foy à leurs fens, & combien font incertains tous les iugemens qu'ils ont depuis apuyez fur eux; &. qu'ils repalTent fi long temps & li fouuent cette confideration en leur efprit, qu'enfin ils acquièrent l'habitude

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