Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/182

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��OEuvRES DE Descartes.

��Et preinieremenl, afin que la majeure de cet argument /oit rraye, cela ne fe doit pa<! entendre de toute forte de cnnnoiffance, ny me/me de toute celle qui ejt claire & difiincle, mais feulement de celle qui eft pleine & entière [c'e/l à dire qui comprend tout ce qui peut e/tre connu de la chofe). Car Monfeur Des-Cartes confeffe luj-mefme, dans fes Ré- ponfes aux premières Obieâions, qu'il n'efi pas bejoin d'une diflinâion réelle, mais que la (or m&Wtfuffit, afin qu'âme chofe foi l conceuë diftin- 263 dément & feparement d'vne autre, par me ab\firadion de l'efpril qui ne conçoit la chofe qu'imparfaitement & en partie: d'oii vient qu'au mefme lieu il adioute :

Mais ie conçoy pleinement ce que c'eft que le corps {c'eft à dire te conçoy le corps comme me chofe complète), en penfant feulement que c'ell vne chofe étendue, figurée, mobile, &c., encore que ie nie de luy toutes les chofes qui appartiennent à la nature de l'efprit. Et d'autre part ie conçoy que l'efprit eil vne chofe complète, qui daute, qui entend, qui veut, &c., encore que ie n'accorde point qu'il y ait en luy aucune des chofes qui font contenues en l'idée du corps. Doncques il y a vne dillindion recUe entre le corps & l'efprit.

Mais fi quelqu'un vient à reuoquer en doute celle mineure, & qu'il foutienne que l'idée que vous auei de rous-mefme n'efi pas entière, mais feulement 'imparfaite, lorjque vous vous conceue\ [c'eft à dire vofire efpril) comme vne chofe qui penfe & qui n'e/l point étendue, £• pareillement, lorfque vous vous conceue^ [c'eft à dire vojlre corps) comme vne chofe étendue & qui ne penfe point, il faut voir comment cela a efié prouué dans ce que vous aue'; dit auparauant ; ca)- ie ne penfe pas que ce foit vne chofe fi claire, qu'on la doiue prendre pour vn principe indémon ftrable, & qui n'ait pas béfoin de preuue\

Et quant à fa p, emiere partie, à fçauoir que vous conceuez pleine- ment ce que c'ell que le corps, en penfant | feulement que c'eft vne chofe étendue, figurée, mobile, &c., encore que vous nyiez de luy 264 toutes les chofes qui | apartiennent à la nature de l'efprit, elle efi de peu d'importance; car celuy qui maintieudroit que nofire efpril efi corporel, n'efiimeroit pas pour cela que tout corps fufi efpril, & ainfi le corps feroit à l'efprit comme le genre efi à l'efpece. Mais le genre peut efire entendu fans l'efpece, encore que l'on nie de hij- tout ce qui efi propre 6- particulier à l'efpece : d'oii vient cet axiome de Logique, que, l'efpece eftant niée, le genre n'eft pas nié, ou bien, là où eft le genre, il n'eft pas necell^aire que l'efpece foit ; ainfi ie puis conccuoir la figure fans conceuoir aucune des propriété-^ qui font particulières

a. Non à la ligne (ze^ 2' édit.).

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