Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/229

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ma reputation que moy-meſme ; car ie vous aſſure qu’il m’eſt indifferent d’eſtre eſtimé ou mépriſé par ceux que de ſemblables raiſons auroient pû perſuader. Les meilleurs eſprits de ma connoiſ|ſance qui 594 5 ont leu ſon liure, m’ont témoigné qu’ils n’y auoient trouué aucune choſe qui les areſtaſt ; c’eſt à eux ſeuls que ie deſire ſatisfaire. Ie ſçay que la pluſpart des hommes remarque mieux les apparences que la verité, & iuge plus ſouuent mal que bien ; c’eſt pourquoy ie 10 ne croy pas que leur approbation vaille la peine que ie faſſe tout ce qui pouroit eſtre vtile pour l’acquerir. Mais ie ne laiſſe pas d’eſtre bien ayſe du recueil que vous m’auez enuoyé, & ie me ſens obligé d’y répondre, plutoſt pour reconnoiſſance du trauail de vos 15 amis que par la neceſſité de ma defenſe ; car ie croy que ceux qui ont pris la peine de le faire, doiuent maintenant iuger, comme moy, que toutes les objections que ce liure contient ne ſont fondées que ſur quelques mots mal entendus ou quelques ſupoſitions 20 qui font fauſſes ; vu que toutes celles qu’ils ont remarquées ſont de cette ſorte, & que neantmoins ils ont eſté ſi diligens, qu’ils en ont meſme adiouté quelques-vnes que ie ne me ſouuiens point d’y auoir leuës.

Ils en remarquent trois contre la première 25 Meditation, à ſçauoir : 1. Que ie deinande vne choſe impoſſible, en voulant qu’on quitte toute ſorte de préjugez. 2. Qu’en penſant les quiter on ſe reueſt d’autres préjugez qui ſont plus préjudiciables. 3. Et que la methode de douter de tout, que i’ay propoſée, ne peut ſeruir à 30 trouuer aucune vérité[1].

  1. Non à la ligne (1re  édit.).