Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XVI Avertissement.

voyons que Picot l'avait certainement aussi traduite jusqu'à l'article i 55 inclus, autant dire jusqu'à la fin. Mais peut-être Descartes a-t-il été peu satisfait de la traduction de l'abbé Picot, au point d'éprouver le besoin de la refaire presque entièrement lui-même: Point du tout; car il commence par déclarer, bien qu'il ne l'ait pas encore toute lue, que « ce qu'il en a veu, ejl aujOx bien qu'il le fçauroit fouhaiter. Comme aujji, conti- nue-t-il, les difficulté^ que vous me propofei, monjlr'ent que vous entendei parfaitement la matière; car elles n'auroient pu tomber en l'efprit d'vne perfonne qui ne l' ente ndroit que fuperfi- ciellemenr. » Et il ajoute enfin, après une explication demandée par Picot au sujet de l'article i55 : « le n'aiiois pas pris la peine de déduire ceti^ particularité tout au long, à caiife que i'auois crû que perfonne n'y regarderoit de fi près que vous aue\ fail^. y Ces textes sont décisifs, et ne nous laissent aucune raison de dénier à Picot, pour sa traduction française, la paternité que Descartes lui-même lui reconnaît en termes si élogieux.

Comment expliquer alors ce manuscrit de soixante-neuf feuillets, inventorié parmi les papiers de Descartes, et qui a donné lieu à la conjecture de Legrand, d'Ozanam, et peut-être de Clerselier lui-même? Le plus simplement du monde, ce semble. Le philosophe, tout en se déclarant satisfait de la tra- duction de Picot, a fort bien pu ne plus l'être, en 1645 et 1646, de sa propre rédaction imprimée en 1644; et afin de rendre sa pensée plus claire, il aurait apporté lui-même, en français, des modifications et des additions à son texte latin. Nous ne pou- vons savoir en quel état exactement était le manuscrit envoyé par Picot; mais comme tous les manuscrits qui ont reçu des ratures, des corrections et des surcharges, il devait être peu lisible assurément, après avoir été revu et remanié par Des- cartes. Il a eu donc besoin d'être recopié. Sans doute Des- cartes aurait pu se décharger de cette besogne sur un secré-

a. Correspondance, t. IV, p. 181, 1. 2-7.

b. Ibid., p. i83, 1. 2-5.

�� �