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Principes. — Préface. 9

plus qu'on marche plus long-temps & plus ville, en forte que, bien qu'on foit mis par après dans le droit chemin, on ne peut pas arriuer fitoft que fi on n'auoit point marché auparauant; ainfi, lors qu'on a de mau-

5 uais Principes, d'autant qu'on les cultiue dauantage, & qu'on s'applique auec plus de foin à en tirer di- uerfes confequences, penfant que ce foit bien philo- fopher, d'aujtant s'éloigne-t'on dauantage de la con- (i9) noiflance de la vérité & de la SageiTe. D'où il faut

10 conclure que ceux qui ont le moins apris de tout ce qui a elle nommé jufques icy Philofophie, font les plus capables d'apprendre la vraye.

Apres auoir bien fait entendre ces chofes, j'aurois voulu mettre icy les raifons qui feruent à prouuer que

i5 les vrays Principes par lefquels on peut paruenir à ce plus haut degré de SagefTe, auquel confifte le fouue- rainbien de la vie humaine, font ceux que j'ay mis en ce Liure : & deux feules font fuffifantes à cela, dont la première efl qu'ils font tres-clairs, & la féconde,

20 qu'on en peut déduire toutes les autres chofes : car il n'y a que ces deux conditions qui foient requifes en eux. Or je prouue ayfement qu'ils font tres-clairs : premièrement, par la façon dont je les ay trouuez, à fçauoir en rejettant toutes les chofes aufquelles je

25 pouuois rencontrer la moindre occafion de douter; car il ell certain que celles qui n'ont pu en cette façon eflre rejettées, lorfqu'on s'eft appliqué à les confi- derer, font les plus euidentes & les plus claires que l'efprit humain puifle connoillre. Ainfi, en confiderant

3o que celuy qui veut douter de tout, ne peut toutefois douter qu'il ne foit, pendant | qu'il doute, & que ce (20)

ŒuvKES. IV. 33

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