Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/373

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Principes. — Seconde Partie. 7^

��22. Que la terre & les deux ne font faits que dvne me/me matière, £■ qu'il ne peut y auoir pliifieurs mondes.

Enfin il n'elt pas mal-ailé d'inferer de tout cecy, que la terre & les deux font faits d'vne mefme matière; & que, quand mefme il y auroit vne infinité de mondes, ils ne feroient faits que de cette ma- tière; d'où il fuit qu'il ne peut y en auoir plufieurs ', à caufe que nous conceuons manifefiement que la matière, dont la nature confifte en cela feul qu'elle eft vne chofe eftenduë, occupe maintenant tous les efpaces imaginables où ces autres mondes pourroient eflre, & que nous ne fçaurions découurir en | nous l'idée d'aucune autre matière. 81

23. Que toutes tes variété^ qui font en la matière... dépendent du mouuement de fes parties.

Il n'y a donc qu'vne mefme matière en tout l'vniuers, & nous la connoiffons par cela feul qu'elle eft eftenduë; pource que toutes les proprietez que nous apperceuons diftindement en elle, fe raportent à ce qu'elle peut eflre diuifée & meuë félon fes parties, & qu'elle peut receuoir toutes les diuerfes difpofitions que nous remarquons pouuoir arriuer par le mouuement de fes parties. Car, encore que nous puiffions feindre, de la penfée, des diuifions en cette matière, neantmoins il eft conftant que nofîre penfée n'a pas le pouuoir d'y rien changer, & que. . . toute la diuerfité des formes qui s'y ren- contrent dépend du mouuement local. Ce que les Philofophes ont fans doute remarqué, d'autant qu'ils ont dit, en beaucoup d'endroits, que la nature eft le principe du mouuement & du repos, & qu'ils entendoient, par la nature, ce qui fait que les corps fe dil'pofent ainfi que nous voyons par expérience.

24. Ce que c'ejl que le mouuement pris félon l'vfage commun.

Or le mouuement (à fçauoir celuy qui fe fait d'vn lieu en vn autre, car je ne conçoy que celuy-là, & ne penfe pas aufll qu'il en faille fuppofer d'autre en la nature), le mouuement donc, félon qu'on le prend d'ordinaire, n'eft autre chofe que I'action par laquelle vn CORPS PASSE d'vn LIEU EN VN AUTRE. Et tout ainfi que nous I auons 82 remarqué cy-deffus, qu'vne mefme chofe en mefme temps change

a. Voir Correspondance, t. V, p. 69.

b. Partie II, art. i3. Ci-avant, p. 69-70.

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