Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, IX.djvu/423

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Principes. — Troisiesme Partie. 125

Suppofons donc, s'il vous plaift, que Dieu a diuifé au commence- ment toute la matière dont il a compofé ce monde vifible, en des parties aufii égales entr'elles qu'elles ont pu cftre, & dont la gran- deur eftoit mediocre% c'eft à dire moyenne entje toutes les diuerfes grandeurs de celles qui compofent maintenant les Cieux & les Aftres; & enfin, qu'il a fait qu'elles ont toutes commencé à fe mou- uoir d'égale force en deux diuerfes façons, à fçauoir chacune à part autour de fon propre centre, au moyen de quoy elles ont compofé vn corps liquide, tel que je juge eftre le Ciel; & auec cela, plufieurs enfemble autour ùe quelques centres"... difpofez en mefme façon dans l'vniuers, | que nous voyons que font à prefent les centres des 158 Eftoiles fixes, mais dont le nombre a efté plus grand, en forte qu'il a égalé le leur joint à celuy des Planètes <5 des Comètes; â que la viteffe dont il les a aiufi mettes efîoit médiocre, c'efl à dire, qu'il a mis en elles toutes autant de mouuement qu'il y en a encore à prefent dans le monde. Ainfi, par exemple, oh peut peufer que Dieu a diuifé toute la matière qui eft dans l'efpace A ET, eu très-grand nombre de petites parties, qu'il a meuës, non feulement chacune autour de fon centre, mais aujji toutes enfemble autour du centre S; & tout de mefme, qu'il a meu toutes les parties de la matière qui eft en l'ef- pace AEV autour du centre F, & ainfi des autres; en forte qu'elles ont compofé autant de differens tourbillons [je me feruiraj- d'orena- mant de ce mot pour fignifer toute la matière qui tourne ainfi en rond autour de chacun de ces centres) qu'il y a maintenant d'Aftres dans le monde.

47. Que leur fauffeté n'empefche point que ce qui en fera déduit

ne j'oit vraj-.

Ce peu de fuppofitions mo. femble fuffire pour m'en fcruir comme de caufes ou de principes, dont je déduiray tous les eflets qui pa- roiffent en la nature, par les feules loix cy-deft'us expliquées. Et je ne croy pas qu'on pullfe imaginer des principes plus fimplcs, ni plus intelligibles, ni aulTi plus vrayfemblabies, que ceux | cy. Car 159 bien que ces loix de la nature foient telles, qu'encore melnie que nous fuppoferions le Chaos des Pactes, c'efl à dire me entière confufion de toutes les parties de l'vniuers, on pourroit touf-jours

a. Voir Correspondance, t. V, p. 170.

b. Ibid.,, p. 170-17 1.

c. Planche III.

d. Partie II, art. ?7, 39 et 40, p. 84, 85 et 86.

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