Aller au contenu

Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/30

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

n’ayant pas encore tiré toute la ſatisfaction que ie deuois auoir des iniures que i’ay receuës à Vtrech, ie voy qu’elles en attirent d’autres, & qu’il y a vne troupe de Theologiens, gens d’école, qui ſemblent auoir fait vne ligue enſemble pour taſcher à m’oprimer par calomnies 5 ; en forte que, pendant qu’ils machinent tout ce qu’ils peuuent pour taſcher de me nuire, ſi ie ne veillois auſſi pour me défendre, il leur ſeroit ayſé de me faire quelques affronts.

La preuue de cecy eſt que, depuis trois ou quatre 10 mois, vn certain Regent du College des Théologiens de Leyde, nommé Reuius, a fait diſputer quatre diuerſes Theſes contre moy, pour peruertir le ſens de mes Meditations, & faire croire que i’y ay mis des choſes fort abſurdes, & contraires à la gloire de Dieu : 15 comme, qu’il faut douter qu’il y ait vn Dieu ; & mefme, que ie veux qu’on nie abfolument pour quelque temps qu’il y en ait vn, & chofes femblables[1]. Mais, pource que cet homme n’eft pas habile, & que mefme la plufpart de fes écoliers fe mocquoient de fes médifances, 20 les amis que i’ay à Leyde ne daignoient pas feulement m’auertir de ce qu’il faifoit, iufques à ce que d’autres Thefes ont auffi eflé faites par Triglandius[2], leur premier profelfeur en Théologie, où il a mis ces mots †††[3]. Sur quoy mes amis ont iugé, mefme ceux 25 qui font auffi Théologiens, que l’intention de ces gens-là, en m’accufant d’vn û grand crime comme eſt

  1. Voir ci-avant, p. 3.
  2. Tkigl. (Clers.).
  3. Eum esse blasphemum, qui Deum pro deceptore habet, ut male Cartesius. (Voir ci-avant, p. 6, l. 8 : cf. p. 5, l. 11-14.)