Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/508

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494 Correspondance.

» permettoit pas qu'on luy administrât ce sacrement. Aussi-tôt le malade » leva les yeux au ciel, d'une manière qui toucha tous les assistans, et qui » marquoit une parfaite résignation à la volonté de Dieu. Le Père luy » fit les exhortations ordinaires, ausquelles il répondit à sa manière. » M. l'Ambassadeur, qui entendoit le langage de ses yeux, et qui pénétroit » encore dans le fonds de son cœur, dit a l'assemblée : que son amy se » retirait content de la vie, satisfait des hommes, plein de confiance en la » miséricorde de Dieu, et passionné pour aller voir à découvert et » posséder une vérité qu'il avait recherchée toute sa vie. La bénédiction » donnée, toute l'assemblée se mit à genoux pour faire les prières des » agonisans, et s'unir à celles que le Prêtre alloit faire pour la recom^pan- » dation de son ame au nom de toute l'Eglise des Fidèles répandus par » tout l'Univers. Elles n'étoient point achevées, que M. Descartes rendit » l'esprit à son Créateur, sans mouvement, et dans une tranquillité digne » de l'innocence de sa vie. Il mourut le XI jour de Février à quatre heures » du matin, âgé de cinquante trois ans, dix mois, et onze jours. » (Baillet,!!, 414-42?.)

��relation de la mort De m. descartes, le Philosophe,

PAR

M--" DESCARTES (169?)

(M'" Descartes est Catherine Descartes, fille de Pierre Descartes, le frère aîné du philosophe, et par conséquent nièce de ce dernier.)

« S'il vous prend envie de sçavoir pourquoy je m'avise de faire mou- » rir mon oncle quarante ans après sa mort, j'ay à vous dire que c'est la » révocation deTEdit de Nantes qui en est cause. Il a passé par cette ville » un vieillard, qui, sçachant que j'estois nièce du Philosophe Descartes, » m'embrassa de bon cœur, et me dit qu'il estoit à Stokolm, quand mon » Oncle mourut. C'est un Ministre qui alloit s'embarquer à Saint Malo » pour l'Angleterre. 11 me parla tant de cette mort, que Je croy que c'est » luy qui a fait la Relation que je vous envoyé ; car je tiens de luy tout ce » que j'y ay mis.

» Christine jouïssoit d'une éclatante estime; » Sa beauté, son esprit et son sçavoir sublime, » Des sçavants de l'Europe estoient l'étonnement, » Et des Rois empressez le doux enchantement

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