Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/653

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(»-4) Tome III. 6^9

» refped, & fe font rendre plus de créance que lors qu'on les voit » dans fes liures. »

« |Ce qui d'abord a eftonné tous les efprits, & qui a pu les tou- » cher de jaloufie, a efté que, dans le premier liure qu'il a mis au » iour comme vn eflay de ce qu'il fçauoit & pouuoit faire, il y a » traitté de deux matières qui auoient efté auant luy long-temps » recherchées, mais qu'on n'auoit iufques-là fait qu'e'fleurer, comme » la Géométrie, ou dans lefquelles on n'auoit point touché au » but, comme la Dioptrique. Et ce qu'il en a dit dans fes Effais eil » tel, qu'à l'égard de la Dioptrique il n'a rien laiffé à defirer, ayant » éclaircy toute cette matière fi iblidement, que ié puis dire, auec » alfurance, que tous ceux qui en écriront après luy, s'éloigneront » de la vérité à mefure qu'ils s'écarteront de fes principes. Et pour » ce qui-eft de la Géométrie, quoy que ce foit vne matière inepui- » fable, & qui n'a point d'autres bornes que celles de l'efprit, neant- » .moins, outre qu'il en a alfez dit pour exercer long-temps l'eftude » & la curiofité des plus habiles, tout ce que l'on pourra iamais » inuenter à l'auenir fur ce fujet, fe trouuera renfermé dans le petit » traitté qu'il en a fait, comme dans fon principe ; puis qu'il ne s'eft » pas contenté de le commencer par où les autres auoient finy, mais » qu'en finilfant luy-mefme, il a donné les lumières & les ouuertures^ » & monftré le chemin qu'il falloit prendre, pour poulfer plus loin » qu'il n'a voulu aller; s'eftant contenté en cela d'ouvrir la voyc, » & de la marquer ; jugeant d'ailleurs qu'il auoit afiez donné de » temps à vn exercice qui ne fçauroit de rien profiter au reflc des » hommes, &.qui ne va qu'à contenter l'efprit de celui qui s'ap- » plique à cette eftude, par la découuerte que l'on fait chaque iour » de quelque nouuelle vérité ; qui eft vne chofe fi douce & fi agréable » à l'efprit, que, pour inutile qu'elle foit, on ne lailfe pas d'y » trouuer de la fatisfaclion, du charme & du plaifir ; a quoy Mon- » fieur Defcartes a bien voulu renoncer, pour s'attacher à quelque » chofe de plus vtile, & qui pufl eftre plus profitable, »

« Cependant ce font ces deux parties-là qui ont efté les premières » & le plus fortement attaquées, comme l'on verra dans la fuite. » La Dioptrique ne paruft pas plufloft, qu'on en fit vn fujet de » difpute Mathématique au Collège de Clermont, où elle fut com- » battue auec toute la force & l'animofité qui a coultume de s'éle- » uer contre les opinions nouuelles, principalement quand celuy qui » |les propofe a quelque réputation d'en fçavoir plus que les autres; » on en triompha mefme, en apparence, auec beaucoup d'éclat & » de bruit ; mais le mal-heur a voulu que tout cet applaudiffement

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