Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, V.djvu/85

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CDXCI. — Juillet 1647. 71

��» lantia- vcl de pra'dicawcnto qiiantitalis. S'il ne reçoit point d'autre ma- » tiere ni d'autre forme que la quantité, que deuiendra l'ame raisonnable ? » Et puis cette quantité ou ce corps, sera il composé ou simple? Sera il n différent d'espèce, et sera il le principe d'opérations si différentes? le n voudrois bien sçauoir aussi si la matière subtile, qu'il a inuentée pour 1) expliquer et résoudre plusieurs difficultés, n'est pas capable de rarefac- I) tion aussi bien que les autres corps? Si Dieu a esté contrainct de pro- » duire ce qu'il a produict? Notamment cet espace infini qu'il introduict, » Dieu ne l'a il pas pu faire moindre? ou ne rien produire tout a faict? ou 1) produire seulement une bouteille, ou un chaudron, ou un pot de terre, » sans le remplir de la matière subtile de Cartcsius, d'air ou de quelque » ^utre corps? le ne crois pas qu'il veuille soustenir le contraire. En ce » cias la, n'y auroit il pas du vuide? Mons des Cartes a creu pouuoir » euiter les difficultés qui se treuuent dans les autres opinions; mais il se » plonge dans des plus grandes. La vraye méthode de bieji philosopher, » c'est d'establir et soustenir des opinions par lesquelles on puisse résoudre » les anciennes difficultés, sans en produire et susciter des nouuelles et » plus grandes. De vouloir les résoudre, en niant tous les principes qui » sont receus uniuersellement et sont comme naturels, c'est vouloir n couper le nœud gordien sans prendre la peine de le deffaire et desnoiier. » Il nous sera beaucoup plus facile de reietter ses principes; nous sommes » en possession des nostres, qui tenet, tenet ; possessio valet, le seray tous- » iours prest de quitter mes opinions, quand on me faira voir par bonnes » raisons qu'elles sont erronées et non soustenables; mais de demander » qu'on se despouille de son jugement et qu'on captiue son entendement » in obsequiiim fidei cartesianœ, sans apporter des bonnes raisons pour » faire receuoir des propositions nouuelles et contraires a la raison et aus » sens, Mons des Cartes nous excusera, s'il luy plaist; il n'a pas faict » encore des miracles pour authoriser par iceus sa doctrine despourueiie » de bonnes raisons, quoy qu'elle ne soit pas surnaturelle. l'admire pour- » tant ce qu'il a faict touchant la Dioptrique, ses Metheores, et ce qu'il » dict des cicus. le ne fairois pas difficulté de tenir ses opinions en cela, )j et tiens comme probable ce qu'il dict des matières liquides, et du mou- » uement des corps solides dans icelles. le n'ay pas veu sa Géométrie, et » ne sçais pas s'il a faict d'autres œuures. . . i

« De Chaumont, ce 22 .luin 1647. »

« Fr. Gabr. Thibaut. » [Ibid., p. 123-124.)

Enfin voici l'épisode le plus intéressant peut-être de ce séjour de Des- cartes à Paris en 1647 : deux entrevues du philosophe et de Pascal le 23 et le 24 septembre. Elles sont rapportées dans une lettre de la sœur ca- dette de Pascal, Jacqueline, à sa sicur aînée. Madame Périer ou Gilberte Pascal. Cette lettre a été publiée par P. Faugère, Lettres, Opuscules et Mémoires de Madame Périer et de Jacqueline, sœurs de Pascal, etc..

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