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depuis 1891. En outre, il avait réuni en brochure (La Correspondance de Descartes dans les inédits du fonds Libri, étudiée pour l’histoire des mathématiques, Paris, Gauthier-Villars, 1893) une série d’études sur des lettres inédites, non des moins importantes, récemment réintégrées à la Bibliothèque nationale, après un exode de près de trois quarts de siècle en Angleterre. D’autre part, à Rome, il avait étudié sur place les lettres du philosophe dans la Collection Boncompagni, au point de vue des variantes qu’elles offrent, et de leur intérêt scientifique. Puis la découverte et la publication d’opuscules du géomètre Beaugrand, à propos de ses querelles avec Descartes, promettait un commentaire lumineux à bien des pages obscures pour tout autre que Paul Tannery. Enfin, la connaissance unique qu’il avait acquise de l’histoire des sciences au xviie siècle, donnait à son concours un prix inestimable.

Dans les premiers entretiens que nous eûmes ensemble (octobre 1894), mis en rapports l’un avec l’autre par le principal promoteur de cette édition, M. Louis Liard, nous nous entendîmes sur le plan à suivre. J’étais d’avis de commencer par le plus difficile, c’est-à-dire la Correspondance, réservant les Œuvres pour la seconde partie : la correspondance pouvait servir à expliquer les œuvres, bien plus que les œuvres ne serviraient à la correspondance. Paul Tannery en convint. Mais cette correspondance elle-même, comment la publier ? Dans l’ordre chronologique, sans aucun doute. Paul Tannery, qui finit par se rallier à cet avis, avait pensé d’abord à un autre plan, qui pouvait aussi se défendre. Il étudiait alors les correspondants de Mersenne, dont les nombreuses lettres manuscrites se trouvent pêle-mêle dans trois gros volumes in-folio de notre Bibliothèque nationale ; il eût volontiers aussi étudié séparément les correspondants de Descartes. Mais le principal d’entre ceux-ci, et de beaucoup, étant le P. Mersenne, la majeure partie de la correspondance eût été publiée à part, et dans quel ordre, sinon l’ordre chronologique, auquel on revenait forcément. De même pour les autres séries : princesse Elisabeth,