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Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XI.djvu/160

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7-8.
Le Monde

de nos venes, vous doit aſſez perſuader qu’il arriue en nous tout le ſemblable) ; mais, au contraire, celuy qui eſt dans ſes arteres eſt pouſſé hors du cœur auec effort, & à diuerſes petites ſecouſſes, vers leurs extremitez : en ſorte qu’il peut facilement s’aller ioindre & vnir à 5 tous ſes membres, & ainſi les entretenir, ou meſme les faire croiſtre, ſi elle repreſente le corps d’vn homme qui y ſoit diſpofé.

Car, au moment que les arteres s’enflent, les petites parties du ſang qu’elles contiennent vont choquer çà 10 & là les racines de certains petits filets, qui, ſortans des extremitez des petites branches de ces arteres, compoſent les os, les chairs, les peaux, les nerfs, le cerueau, & tout le reſte des membres ſolides, ſelon les diuerſes façons qu’ils ſe ioignent ou s’entrelacent : & 15 ainſi elles ont la force de les pouſſer quelque peu deuant ſoy, & de ſe mettre en leur place ; puis, au moment que les arteres ſe deſenflent, chacune de ces parties s’arreſte où elle ſe trouue, & par cela ſeul y eſt iointe & vnie à celles qu’elle touche, ſuiuant ce qui a 20 elle dit cy-deſſus.

Or, ſi c’eſt le corps d’vn enfant que noſtre machine repreſente, ſa matiere ſera ſi tendre, & ſes pores ſi ayſés à élargir, que les parties du ſang qui entreront ainſi en la compoſition des membres ſolides, ſeront 25 communement vn peu plus groſſes, que celles en la place de | qui elles ſe mettront ; ou meſme il arriuera que deux ou trois ſuccederont enſemble à vne ſeule, ce qui ſera cauſe de ſa croiſſance. Mais cependant la matiere de ſes membres ſe durcira peu à peu, en ſorte 30 qu’après quelques années ſes pores ne ſe pouront plus