Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Période de Jeunesse. jj

donna ce trait d'originalité à un ami de son mari". Le même Le Vasseur l'emmena alors, ou l'accompagna, dans un voyage en Bretagne et en Poitou. Ici se place une autre anecdote, authentique également, puisqu'elle est rapportée par Le Vas- seur qui en fut témoin. Ce fut une soutenance de thèses à Poitiers, au Collège des Jésuites (en juin ou juillet, vraisembla- blement) : Descartes y assista, et y prit la parole ; le lende- main deux Pères vinrent le remercier de cet honneur. La

��a. Cette anecdote est ainsi contée par Baillet, t. I, p. i52-i54, sous la date de 1628 : « ...Cela le fit réfoudre à fe paffer de luy feul autant » qu'il .luy feroit pofTible, & à fe contenter d'un petit nombre d'amis pour » le foulagement de la vie. Mais fa réputation fut un grand obftacle à

» cette réfoluiion. Elle avoit fait de la maifon de M. le ValTeur [En marge:

» De fon auberge des Trois Chappelets, rue du Four, il s'étoit logé chez

« M. le Vafieur.] une efpéce d'Académie, en y attirant une infinité de gens

» qui s'introduifoient chez luy à la faveur de fes amis. . . Ces compagnies

» commencèrent à luy rendre le féjour de Paris onéreux, & à luy faire

» fentir fa propre réputation comme un poids infupportable. . . Et pour

» commencer à fe délivrer des importunitez de ceux qui le fréquentoient

» trop fouvent, il quitta la maifon de M. le Vaffeur, & alla fe loger en un

« quartier où il devoit fe dérober à leur connoiffance, & ne fe rendre

» viliblc qu'à un très-petit nombre d'amis qui avoient fon fecrei. M. le

» Vaffeur [En marge : Relat. MS. de M. le Vaff.], à qui il n'avoit point

» juge à propos de le communiquer, fut quelque téms en inquiétude, ne

« trouvant perfonne qui pût luy apprendre de fes nouvelles. Mais le

» hazard luy ayant fait rencontrer fon valet de chambre dans les rues au

» bout de cinq à fix femaines, il l'arrêta fur le lieu, «Se l'obligea après

» beaucoup de refiilance de luy découvrir la demeure de fon maître. Le

» valet, après luy avoir ainfi révélé le principal de fon fecret, ne fit plus

» difficulté de luy déclarer le rerte. Il luy conta toutes les manières dont

» fon maître fe gouvernoit dans fa retraite, & lui dit entre autres chofes

» qu'il avoit coutume de le lailler au lit tous les matins lors qu'il fortoit

» pour exécuter fes commilTions, & qu'il efpéroit de l'y retrouver en:ore

» à fon retour. Il étoit prés d'onze heures, & M. le Vaffeur qui revenoit

» du Palais, voulant s'affurcr fur l'heure de la demeure de M. Defcartes,

» obligea le valet de fe rendre | fon guide, & fe fit conduire chez Mon-

» fieur Defcartes. Lors qu'ils y furent arrivez/ ils convinrent qu'ils entre-

» roicnt lans bruit, «Se le fidèle conducteur ayant ouvert doucement l'anti-

» chambre à M. le Valleur, le quitta auiïî tôt pour aller donner ordre au

» dîner. M. le Vaffeur s'ètant glillè contre la porte de la chambre de

» M. Defcartes, fe mit à regarder par le trou de la ferrure, & l'apperçut

Vie de Descartis. 10

�� �