vie future[1]. Mais l’ambition de Descartes est tout autre ; il ne demande à la métaphysique qu’une chose, de fournir un appui solide à la vérité scientifique, et non pas une sanction suprême à la moralité.
On s’étonnera peut-être aujourd’hui, qu’il ait cru nécessaire pour cela de déployer un tel appareil. Certes, les savants n’en auraient que faire désormais : ne trouvent-ils pas dans la science même une suffisante garantie de vérité ? Et à voir d’ailleurs le succès croissant avec lequel, grâce à la science, l’esprit humain s’assujettit la nature, comment douter qu’il ne soit en possession des lois naturelles, dont il reproduit, et dirige, et transforme à son gré les effets ? Les applications heureuses des découvertes scientifiques valent maintenant toute une philosophie de la certitude. Mais on n’en était pas encore là du temps de Descartes ; et surtout son esprit avait des besoins de vérité, et des exigences en fait de démonstration, qui ne pensaient pouvoir se satisfaire que grâce à la
- ↑ Les deux Veritez de Silhon. L’vne de Dieu, & de ſa Prouidence, l’autre de l’Immortalité de l’Ame. Dedié à Monſeigneur de Mets. A Paris, Chez Laurent Sonnius, ruë ſainct Iacques, au Compas d’or. M.DC.XXVI. Approbation de deux docteurs (Petrus Coppin, et Jacobus Durand), Paris, 12 juillet 1626. Privilége du roi, 14 juillet 1626 : « Il eſt permis à Iean de Silhon… » Petit in-8, 536 pages.
Auertiſſement au Lecteur : « I’ay à t’aduertir que ces diſcours que ie te preſente ſont des fruits d’vne ſolitude dans laquelle ie m’eſtois reduit, comme ceux qui, pour ſe garantir de la tourmente, gaignent vn bord deſert & rude… » (Ne croirait-on pas entendre Descartes ?)
« …Sçache, Lecteur, que c’eſt vn erreur en ce temps de croire qu’il vaut mieux taire les raiſons des Athees pour ne les donner à connoiſtre, que de les eſuenter pour les combattre : elles ſont ſi communes & le mal s’eſt rendu ſi vniuerſel, qu’il n’eſt plus queſtion de le cacher, mais de trauailler aux remedes & preſeruatits. »
« …Pour ce qui eſt de l’Immortalité de l’ame, ie me flatte fort ſi elle n’y eſt mieux eſclaircie qu’autre part, & auec vne particuliere lumiere. C’eſt pourquoy ie te ſupplie de ne point lire le premier traitté, ou de prendre la peine de lire le ſecond, autrement tu me ferois tort ; car il faut que ie te die que… i’ay plus d’inclination pour le fécond traicté, pour y auoir plus contribué du mien, & pource que mes conceptions ont moins rencontré auec celles des autres… »