publier son Monde. Ses anciens maîtres, les Jésuites, plus tard, au temps du P. Poisson, toléreront bien quelques thèses sur le mouvement de la terre, en leur Collège de Paris ; mais en 1642, à La Flèche, ils combattaient encore, mollement, il est vrai, l'opinion de Copernic -^ Toutefois (et ce fut là peut-être la conséquence la plus grave
» que fort fcrupule ejioit fans fondement, & que, depuis le temps qu'on » ejïoit en poffefjion d'cnfcigner Arijlote, il n'y avait point de danger de » continuer, quelque défenfe qu'en euffent fait les Conciles. Cette réponfe » fi favorable à fon deffeiii luy tix iaire une autre demande : fçavoir, fi » l'Inquifition eJloit au deffus d'un Concile, & quel des deux avoit plus » d'authorité dans l'Eglise ? On luy répondit : Qu'iV n'y avoit pas feu- » lement de comparaifon à faire, & que les décrets de Sorbonne ne poii- » voient pas raifonnablement eflre compare^ a ceux des Conciles, qui » avoient fouvent efïé receûs auec plus de foumifjion & de refpeâ qu'on » n'en a pour ceux de l'Inquifition. Nollre Docteur ne manqua pas auflfl- » toft d'ajufter ces réponfes enfemble, & de dire : Si tes Conciles ne me » peuvent ofïer la liberté d'enfeigner & de fuivre la dodrine d'AriJiote, qu'ils condamnent ; & que l'authorité de l'Inquifition fait infiniment » inférieure à celle des Conciles, vous trouvère^ bon, s'il vous plaifi, que n i'enfeigne & que ie fuive l'opinion de Copernic, que l'Inquifition a con- » damnée. Et comme il lembloit renfermer tacitement dans fa conclu- » fion le décret de Sorbonne, auquel il eftoit obligé de déférer, du moins » par bienfeance, il l'expliqua, difant que ce qu'on en avoit fait, efioit » pour empefcher les divifions, qui partageant les Vniuerfite^ ne font » qu'aigrir les efprits & n éclair ciffent pas pour cela la vérité. »
» Ainfi, Monfieur, ce mal n'eftant plus à craindre depuis qu'on n'eft ■'• plus troublé fur la liberté des fentimens' qu'on doit laiffer aux Philo- » fophes, il ne faut plus rien appréhender fur ce point du cofté de la » confcience ; & on peut fans danger s'infcrire, comme vous dites, contre » rinquifuior. qui a condamné Galilée, fans qu'on bielle le refpecl qu'on » doit à l'Eglife ; mais on peut aulTi s'excufer, comme ie fais, de la » neceffité où ie fuis d'en ufer de la forte, fans fortir du devoir d'un bon » François qui fait profeffion de la Religion Catliolique, dont les loix » m'obligent de condamner ce qu'elle condamne, & d'approuver ce 1) qu'elle approuve. » [Commentaire ou Remarques fur la Méthode de René Defcartes, par L. P. N. 1. P. P. D. L., Vandofme, M.DC.LXX, Reponfe à la Lettre d'un Amy, p. 234-237.
a. Thèse soutenue à La Flèche, séance publique du 23 février 1642 : « Licet fententia Copernici falfa lit & temeraria, non potelt tamen ullis >> popularibus experimentiis fufficienter impugnari. » (Rochemonteix, loc. cit., t. IV, p. 1 14 et p. 367.)