Météores. 197
de réflexion égale l'angle d'incidence, ou bien elle s'amortit, ou elle s'enfonce en déviant. Tantôt, c'est une cuve pleine de raisins : au travers de la masse des grains ronds, qui se trouvent foulés, le jus coule quand même en ligne droite : tout droits aussi sont les rayons lumineux qui passent entre les globules célestes. Tantôt enfin c'est l'aveugle, qui se rend compte des objets en les touchant de son bâton ; ce bâton est mû tout d'une pièce en un instant : ainsi le mouvement d'un rayon, depuis un corps lumineux jusqu'à nos yeux, est instan- tané. Chose curieuse, dans cette dernière comparaison on est « instruit à voir par un aveugle qui ne voit point' ».
Nous finissons ainsi la Dioptrique , par où Descartes l'a commencée. Nous l'avons parcourue à dessein en sens inverse, remontant des effets aux causes, tandis que le philosophe, fidèle à sa méthode, descendait des causes aux effets. Il pose d'abord ou plutôt il suppose son principe, qui est ici la nature de la lumière, sans l'expliquer autrement que par des comparaisons ; et il en déduit la propriété qui se rap- porte à son sujet, c'est-à-dire la réfraction. Puis, il avance comme par degrés dans l'étude de l'organe de la vue. Enfin, il ajoute à l'œil naturel le secours de cet œil artificiel, qui est la lunette d'approche récemment inventée ; et il s'efïorce d'ap- porter à celle-ci les perfectionnements de la science.
Les Météores étaient peut-être les phénomènes qui frap- paient le plus l'imagination populaire, soit pour l'émerveiller,
a. Paroles du P. Poisson, dans ses Commentaires ou Remarques, p. 178-179 : a . ..Il commence fa Dioptrique par l'Hypothefe & la Com- » paraifon qu'il fait d'un aveugle dont il étudie | les fentimens & les » penfées pour nous enfeigner à difcerner ce qui fe paffe en nous » lorfque la lumière frappe nos yeux. Et bien que ce (oit une chofe afl"ez » furprenante d'eftre inftruits à voir par un aveugle qui ne voit point, & » d'apprendre ce qui fe fait dans l'œil par un homme qui n'en a point » l'ufage : neantmoins, à prendre precifement cette Hypothei'e dans » fes bornes, on ne peut rien apporter qui nous falle mieux concevoir » tout le fyfteme de la veuë, & qui en explique mieux les accidens. » (Pages 178-179.)
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