Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/276

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ne recevant plus rien, il pria Mersenne, au bout d’un an, le 27 juillet 1638, de rappeler discrètement aux bons Pères son livre[1]. Mersenne n’y manqua pas ; le 18 septembre, il informa Descartes que sa commission est faite. On lui répondit de La Flèche, et la réponse est à retenir. L’ancien élève des Jésuites avait voulu jouer avec eux au plus habile et au plus fin ; il y perdit sa peine. Il n’avait point livré le fond de sa pensée ; il s’était contenté de mettre en avant quelques suppositions, espérant qu’on les accepterait à la faveur de l’ordre et de l’enchaînement qu’elles permettent d’introduire dans les phénomènes. Les Jésuites éventèrent la tactique : craignant sans doute, s’ils approuvaient le tout, d’être engagés plus loin qu’ils n’auraient voulu, ils répondirent qu’ils ne pouvaient faire d’objections, tant que Descartes n’aurait point déclaré ses principes entièrement. Notre philosophe ne fut point dupe d’une telle défaite, et il le laissa entendre à Mersenne, le 15 novembre[2]. En somme, à La Flèche on se réservait ; et, en attendant, on se dérobait. Cependant un des professeurs, le P. Fournier, fera son profit, nous l’avons vu[3], de la Dioptrique et surtout des Météores ; il s’en appropriera maint passage dans son Hydrographie, en 1643. Ceci n’était-il pas autrement flatteur pour Descartes, que toutes les objections qu’il eût pu souhaiter ? Mais remarquons la date de 1643 : les Méditations avaient paru, à deux reprises, en 1641 et 1642 ; elles rassurèrent, sans doute, le religieux sur l’orthodoxie du philosophe.

En même temps qu’à La Flèche, Descartes avait pensé à Rome. Là, il connaissait au moins un cardinal, Bagni, ou Baigné, chez qui il avait fréquenté, lorsque celui-ci était nonce à Paris. Il lui écrivit donc, en lui envoyant deux exemplaires. Puis, comme l’observation des parhélies avait été connue en

  1. Tome II, p. 267, l. 18, à p. 268, l. 2 ; p. 400, l. 6-8 : lettres du 27 juillet et du 11 oct. 1638.
  2. Ibid., p, 424, l. 23, à p. 425, l. 13 : lettre du 15 nov. 1638. Déjà le P. Vatier demandait à Descartes.de publier sa Physique et sa Métaphysique, ibid., p. 50, l. 12-14.
  3. Ci-avant, p. 203, note a