Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/377

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Affaire d'Utrecht }}J

de sa Lettre réfute la dernière partie du pamphlet, comme le premier tiers réfutait le commencement. Le philosophe se défendait avec vigueur, et avait toute raison de le faire, dans son intérêt personnel et privé, comme dans l'intérêt de sa phi- losophie. Voët, en effet, ne le ménageait pas*". Il l'assimilait à un vulgaire aventurier, forcé de s'expatrier à la suite d'un mauvais coup, presque à un criminel ; ou bien encore à un charlatan, qui par des promesses* fallacieuses ne songeait qu'à soutirer de l'argent à ses dupes. Un tel imposteur devait être de la Rose-Croix (Descartes ne répond pas à cette insinuation) ; et s'il vivait dans la retraite, c'était pour mieux cacher ses vices. Ses petites maisons des champs recevaient bien des visites, dont s'effarouchait la pudibonderie du pasteur: le philosophe n'y donnait-il pas des rendez-vous aux Phrynés de la Hollande? Et d'ailleurs n'avait-il point laissé en maint endroit derrière lui des fils naturels? A quoi Descartes répond cavalièrement qu'après tout, il a été jeune ; jamais il n'a fait vœu de chasteté, ni voulu passer pour un saint; s'il avait des fils naturels, certes, il ne les renierait pas; mais on se trompe, il n'en a point'. (Il n'avait eu, en effet, qu'une fille, sa petite Francine, et qui était morte denuis bientôt trois ans.)

Mais la calomnie la plus dangereuse, et qui suffirait à expliquer l'émotion de Descartes et la véhémence de sa réponse, est ce nom de Vanini que Votit lui jette continuellement au visage (avec un solécisme, d'ailleurs : ce Hollandais ne sachant pas sans doute l'italien, et traduisant Vaniiiius, au lieu de Vanimis'^). En ce temps-là, Vanini était le type du philosophe athée; on l'avait brûlé à Toulouse, et on ferait bien de brûler

a. Tome VIII, f2' pariic), p. 107-1^)4.

b. Voir, pour tomes ces imputations, ibid., p. 142, note b.

c. Ibid. {2" partie), p. 22, I. 7-11 : « Et fane, li ^uos taies habercm ./ [filios illegitimos), non negarcm ; nuper enim juvenis fui, & nunc 1 aiihue homo fum, nec vnquam caftitatis voium feci, nec fanftus pra; ). céleris volui vidcri : fetl cùm rêvera nullos habeam... •■

d. Ibid., p. 22-23, et surtout, p. 173-182. Voir ci-avant, p. 82-.S3.

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