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^42 Vie de Descartes.

D'ailleurs, en Hollande, s'il n'avait pas obtenu tout ce qu'il souhaitait, sa cause était gagnée cependant, et c'était l'essen- tiel, auprès de tous ceux qui comptaient le plus à ses yeux. Déjà, dans le Discours de la AIcthodc, en 1637, il faisait une distinction entre les honnêtes gens et les doctes '; et ce n'était pas ceux-ci dont le jugement lui importait le plus. Or, depuis octobre i6^;< jusqu'en mars 1G4.1, il avait fait appel à de grands personnages, à des hommes en place, et on lui avait répondu favorablement. Il en fut touché, ce semble, ne se sachant pas tant d'amis en Hollande. Mais, lorsque Huygens et l'cjliot firent démaichcs sur démarches auprès du prince d'Orange, lorsque celui-ci lui fit l'honneur de le consulter sur une question de limites des eaux du lac de Gertruidenberg, lorsque l'ambassadeur de France intervint lui-même en sa faveur, et que de maints endroits on envoya à Descartes aver- tissements et conseils, il vit bien qu'on s'intéressait à sa philo- sophie et à sa personne même. Il n'était pas un isolé, en butte sans défense aux attaques des théologiens. Il avait pour lui d'autres théologiens d'abord, les modérés, les libéraux, plus ou moins suspects d'Arminianisme' ; quant aux exaltés, Huygens lui conseillait de n'y pas faire attention. Il les comparait à un troupeau de porcs : quand on en tire un par la queue, tous se mettent à grogner'. Descartes avait surtout pour lui les ennemis habituels des théologiens, les esprits cultivés, les honnêtes gens, hommes de guerre et hommes d'Etat, l'élite intellec-

a. Tome VI, p. jy, I. 24, à p. 78, I. 3.

h. 'l'orne IV, p. 70-72 ei p. 75 et p. 81^-85 : lettres du \" et du 22 jan- viei 1644.

c. Descartes, lors de son premier séjour en Hollande, s'était trouve au plus i'ort de la lutic entre Arminiens et Gomaristcs, ceux-ci soutenus par je prince d'r)range, Maurice. Le Synode de Dordreclit, qui fixa la doc- trine, se tim du \'S nov. i()i8 au <) mai ifii'j. 11 se termina parle iriomiilu- des (jomarisies. Les Arminiens lurent déclarés lKrciii|ues, et leur prin- cipal cher politique, Rarneveld, vieillard de soixante-seize ans, (ut déca- pité, le 12 mai rôiQ. Descaries venait de quitter la Hollande, lin d'avril i(jii). (Voir ci-avant, p. 46.;

d. Tome III, fi. (>-ji<:, 1. 2-5.

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