4i6 Vie de Descartes.
toute sa vie à cultiver sa raison, et à s'avancer en la connais- sance de la vérité. Viennent ensuite les deux autres règles, qui recevront de celle-ci leur contenu, faute de quoi elles ne seraient que des formes vides : résolution ferme et constante de faire toujours ce que dicte la raison, et distinction de ce qui dépend de nous et de ce qui n'en dépend pas. Cette distinction est toute stoïcienne, et Descartes ne prétend pas non plus l'inventer ; mais il revendique comme sienne la définition de la vertu *, fermeté et constance dans la résolution de bien faire. Au fond, c'est la bonne volonté : non pas l'intention seule, mais déjà aussi l'action, dans la mesure où celle-ci est possible; et, ne l'oublions pas, cette volonté est éclairée par la raison. Ainsi entendue, la définition de Descartes comprend tout : elle n'exclut pas, elle implique, au contraire, la raison ou l'enten- dement qui doit fournir à la volonté son objet ; et elle n'est point stérile en oeuvres, puisqu'elle enveloppe aussi dans la pratique les actes qui sont les effets de cette volonté. D'une part, elle fait de la spéculation un devoir, pour connaître le bien, et de l'autre, un devoir aussi de l'action, pour l'accom- plir, la volonté étant placée à l'origine et reconnue et procla- mée le principe des deux. Toute la difficulté théorique est de bien éclairer cette volonté, à la pure lumière de l'entendement. Et c'est aussi ce qui inquiète Elisabeth, et sur quoi Descartes s'efforce de la rassurer.
Il énonce quatre vérités qui, selon lui, doivent servir de principes à l'entendement pour juger de ce qui est bon ou mauvais dans la conduite de la vie. La première est qu'il y a un Dieu, avec tous les attributs que nous pouvons connaître de lui, omniscience, omnipotence, etc.; la seconde, que nous avons une âme, absolument distincte de notre corps ; la troi- sième, que ce monde ou plutôt cet univers est infini, disons au moins indéfini ; la quatrième enfin, que chacun de nous n'est pas à lui seul un tout, mais une partie de ce premier tout qui est
a. Tome IV, p. 265, 1. 19-21.
b. Ibid., p. 291, 1. 1 1, à p. 294, 1. 21.
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