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Voyages en France. 441

il n'avait jamais eu de querelle qu'avec l'un d'eux, le P. Bour- din, à qui il avait fait payer assez cher ses Objections par les Réponses virulentes que l'on a vues. Mais (était-ce là encore une tactique ?) il affectait de croire que le P. Bourdin parlait au nom de la Compagnie tout entière : ce qui lui permit ensuite de faire passer sa réconciliation avec ce religieux, pour un traité de paix et même d'alliance avec tous les Jésuites réunis. En cette affaire, notre philosophe, comme toujours, se montra fort habile. Il avait adressé une plainte en règle contre le P. Bourdin au supérieur le plus élevé que celui-ci eût en France, le P. Dinet : c'est la lettre publique, imprimée à la fin des Méditations en 1642. En même temps il annonçait au P. Dinet la publication prochaine des Principes, et lui demandait conseil à cet égard. Il lui devait donc au moins un exemplaire du livre aussitôt paru. Qui chargea-t-il de le lui remettre ? Le P. Bourdin lui-même. Le P. Dinet, qui avait sans doute prêché un accommodement, put voir ainsi que la réconciliation était sincère, et que ses avis avaient été écoutés. Ce fut encore le P. Bourdin qui envoya, de la part de Descartes, les Principes au P. Charlet, assistant du général à Rome. Et tous les autres Jésuites à qui notre philosophe destinait un exemplaire de son livre, le reçurent également par les mêmes mains". Il ne pouvait mieux montrer que son ancien adversaire était devenu pour lui un ami, en qui il avait toute confiance. Les réponses (qui ne nous ont point été conservées) des PP. Charlet et Dinet étaient sans doute des plus amicales, outre les remercîments et compliments d'usage. Descartes paraît les avoir pris pour de l'argent comptant. Il s'était mis lui-même en frais avec les deux religieux, surtout avec le P. Charlet, qu'il appelle « son » second père », en reconnaissance des soins reçus de lui autre- fois, à La Flèche; et le P. Charlet fut sensible apparemment à ce souvenir. Mais surtout Descartes insistait sur l'intérêt qu'il y aurait pour les Jésuites, d'adopter la philosophie nou- velle, au lieu de l'ancienne, dans leurs collèges. Les réponses

a. Voir les trois lettres ccclvii, ccclvui et ccclix : t. IV, p. 139-144. Vie de Descartes. 5ô

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