Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/52

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tout le mobilier d’une ferme, cribles pour le seigle et cribles pour « l’avene » ; et jusqu’aux chiens couchants, dressés pour la chasse ; sans oublier le repos que l’on goûte étendu à l’ombre d’un bois, et que trouble parfois un bourdonnement de mouches, à moins que l’on ne suive d’un œil amusé un vol de moucherons, qui prennent leur essor, et vont s’égayer au haut de l’air.

Tout cela, certes, se trouve en Hollande aussi bien qu’en Touraine et Poitou ; mais en Hollande même, si Descartes a presque toujours choisi de préférence une habitation à la campagne (non loin d’une ville cependant), ce besoin de grand air, et d’un espace libre autour de soi, et de verdure pour reposer la vue, ce goût des choses rurales enfin ne lui était-il pas demeuré de ses impressions du premier âge ? Elles lui revinrent avec force, semble-t-il, à la fin de sa vie. Un mot en dit long à ce sujet, dans une lettre de 1649 Brasset, un compatriote qui pouvait le comprendre, habitant comme lui loin du pays natal : Descartes hésitait à quitter la Hollande pour la Suède, « pays des ours, entre des rochers et des glaces », hésitation bien naturelle pour qui est né, dit-il, « dans les jardins de la Touraine[1] ».

  1. Tome V, p. 349, l. 7-8 et l. 12-13 : lettre à Brasset, 23 avril 1649. Voir aussi t. III, p. 616, l. 1-2.