Descartes en Suède. 517
comme on peut l'être à son âge, de voir de près un philosophe tel que Descartes. Ce jeune homme paraît avoir été surtout préoccupé d'un point : la philosophie nouvelle n'était-elle pas dangereuse pour la religion ? On avait sans doute en France quelques inquiétudes à ce sujet, et plusieurs soupçonnaient d'athéisme ce philosophe si précautionneux, qui s'était retiré à l'étranger loin des siens. Mais Porlier fut vite édifié. Il questionna tous ceux qui avaient pu connaître Descartes per- sonnellement, entre autres un maître d'armes, avec qui notre philosophe avait fait de l'escrime en différents lieux de Hollande. La réponse fut des plus favorables ; mais un témoin de cette sorte pouvait n'être pas très exigeant, en fait de manifestations extérieures du culte. Le jeune Porlier recueillit de cette même bouche un autre témoignage, celui d'un converti, et qui l'avait été par les conseils et l'exemple du philosophe, lequel d'ailleurs n'avait pas été chercher bien loin ses arguments : la religion catholique est la plus ancienne, et l'autre, la religion préten- due réformée, ne s'est montrée en rien supérieure, surtout en ce qui concerne la réformation des mœurs. Porlier fut persuadé (il ne demandait qu'à l'être) de la parfaite orthodoxie de leur grand ami. Son oncle eut sans doute avec Descartes d'autres entretiens : il lui demanda la suite annoncée au livre des Prin- cipes, la cinquième et la sixième partie, sur les plantes et les animaux, sur l'homme enfin ; et comme le philosophe, qui n'était point en humeur d'écrire à ce moment, se dérobait, Chanut insista, et Descartes se fâcha presque. Son ami lui rappellera plus tard, en plaisantant, ce petit mouvement de colère \
Chanut lui avait promis, en s'en allant, de lire et d'examiner en Suède sa philosophie, c'est-à-dire les Principes ainsi que la
le 8 juia 1694. (Renseignements dus à Edouard Everat, Le Bureau des Finances de Riom, 1900, et à Albert Ojardias, de l' Académie de Clcr- mont-Ferrand.) — Imbert Porlier n'était donc plus un tout jeune homme, lorsqu'il accompagna son oncle Chanut en Suède, l'automne de 1645 : il avait près de trente ans. a. Tome X, p. 6o2-6o3 : lettre du 25 août 1646.
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