Page:Descartes - Œuvres, éd. Adam et Tannery, XII.djvu/596

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^ ^ 2 Vie de Descartes.

la vie humaine indéfiniment^. Un sot article d'une gazette rappela aussi ce propos, en traitant Descartes de fou. Mais cette malveillance fut une exception. Sorbière lui-même, comme s'il se préparait à une réconciliation posthume avec le grand homme qu'il avait méconnu, ne parla qu'avec respect de ses derniers moments ^

Ils furent simples et dignes : Descartes écrivit ou du moins dicta une lettre pour ses frères, leur recommandant surtout sa vieille nourrice, qu'il n'avait jamais oubliée et dont la pensée lui revint à son lit de morf^; puis s'armant d'un courage, qui paraît lui avoir été facile : « Çà, mon âme, dit-il, il faut » partir'. » Est-il besoin d'ajouter qu'il mourut religieuse- ment, on peut même dire pieusement, assisté par le P. Viogué ? Les croyances et les pratiques religieuses qu'il avait conservées toute sa vie, sans jamais, semble-t-il, les mettre en question, non seulement lui permettaient de faire une fin édifiante, mais lui en faisaient même un devoir de conscience. Baillet et Cler- selier insistent, naturellement, sur ce point capital à leurs yeux : ne fallait-il pas écarter du philosophe tout soupçon d'irréligio- sité ? Mais en outre les témoignages concordent, et Clerselier,

a. C'était encore là le sujet de ses entretiens, pendant les derniers mois de sa vie ; ou du moins ce fut là ce qui frappa le plus Christine : mais alors, « ses oracles l'ont bien trompé », disait-elle de Descartes, dans une lettre à Saumaise. On le voit, la reine plaisante, j'oco/è ad Salmaftum fcribebat. Voir t. V, p. 461, témoignage de Philibert de La Mare. Enfin, on lit dans Baillet, loc. cit., t. II, p. 452, sous la rubrique Mém. MS. d'Au'{{out) & de Leibn(it:{) : « L'abbé Picot étoit fi perfuadé de la certi- » tude de fes connoidances fur ce point, qu'il auroit juré qu'il luy » auroit été impoflible de mourir comme il fit à cinquante-quatre ans : » & que fans une caufe étrangère & violente (comme celle qui dérégla fa » machine en Suéde), il auroit vécu cinq cens ans, après avoir trouvé )■ l'art de vivre plufieurs fiècles. »

b. Tome X, p. 63o, et t. XI, p. 670-672.

c. Tome V, p. 485. Voir ci-avant, p. 429-430, note c.

d. Voir ci-avant, p. i5. Voir aussi, t. V, p. 470, le témoignage de Catherine Descar'tes, nièce du philosophe, et fille de son frère aîné Pierre. Il ne fut publié qu'en 1693 ; mais, dès 1660, le fait avait été rapporte par Clerselier, t. V, p. 482-483.

e. Tome V, p. 482, relation de Clerselier

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