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5 ^6 Vie de Descartes.

dans une église de Rome, à son voyage de 1624-1625, les éten- dards de l'armée protestante, suspendus à la voûte : hommage de l'empereur Ferdinand à la Vierge Marie, aux pieds de laquelle il avait en outre déposé son sceptre et sa couronne". Notre phi- losophe avait aussi entendu parler du bûcher de Vanini à Tou- louse, en 16 19, et d'un bûcher semblable pour un autre malheu- reux à Paris, en 1621. Il s'était trouvé à Paris encore, au lendemain du long procès de Théophile, de i623 à i625, et de la condamnation des anti-péripatéticiens, Villon, Bitault et De Clavcs, en 1624, par la Sorbonne et le Parlement. Enfin et surtout la rétractation et l'abjuration de Galilée à Rome, en Hk^S, vinrent le troubler profondément au fond de la Hollande. Comment, après cela, la France presque toute catholique, avec des Jésuites comme confesseurs du roi, eût-elle pu lui offrir la sécurité requise pour philosopher librement?

Et 1 on n'oserait dire qu'il n'avait rien à craindre à ce sujet. Ses livres, bien que rédigés avec une prudence qui allait jusqu'à l'excès, n'étaient point à l'abri de tout soupçon. Rome en jugea ainsi, puisqu'elle les condamna, le 20 novembre i663'^. Et pen-

a. La princesse palatine Sophie, sœur d'Iillisabeth, au cours d'un voyaiîe en Italie, visita Rome en i()64. « J'allay voir auffi (racontc-t-elle) » réglile d'Ot;ni Santi, qui s'appeiloit autres lois le Panthéon, & celle » de Marie de la Victoire qui s'appeiloit autres fois Jupiter de la » Victoire, où l'empereur Ferdinand avoit envoyé fon l'ceptre & fa » conronne à un petit pourtrait de la Vierge, qu'il croioii luy avoir » fait gagner la bataille de Prague contre le roy mon père. Le religieux » qui me fil voir ce beau préfcnt, me dit qu'une grande princede comme » moy devoit audi luy donner quelque choie. Je répliquay qu'ouy, li » la Vierge eut elle de l'autre collé. Toute l'églife eftoit ornée des » drapeaux i^ d'enleignes qu'on avoit pris dans cette bataille. » [Memoi- ren der Her^ogin Sophie, p. p. Adolf Kcecher, Leipzig, 1879, p. 83.)

b. Pour tous ces faits, voir ci-avant, pp. 60-61, 76-78,85-89 et 165-179.

c. J")escartcs ne lut point condamné de son vivant. Rappelons que les hauts dignitaires de l'Ordre des Jésuites en France étaient de ses anciens maîtres. Les provinciaux de la Province de Paris furent successivement, de i63') à i65o et au delà : le P. Jacques Dinet, de 1639 au 28 févr. 1642 ; le P. Jean Filleau, du 28 févr. 1642 au 2 oct. 1645 ; le P. Etienne ^Jocl, vice-provincial, du 2 oct. 1643 au 3i mai 1646 (environ); le

  • . Etienne Charlet, du 3i mai 1646 (au plus tard) au 12 juillet 1649;

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