Page:Descartes - Discours de la méthode, éd. 1637.djvu/245

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
161
Discours Premier.

composée de parties moins petites, plus elle peut agiter les parties des autres corps ; et ceci fait aussi qu’elle est ordinairement le moins subtile aux lieux et aux temps où elle est le plus agitée, comme vers la superficie de la terre que vers les nues, et sous l’équateur que sous les

les Pôles, & en efte qu’en hyuer, &de iour que de nuit. Dont la raifon eft que les plus grofles de fes parties ayant le plus de force, peuuent le mieux aller vers les lieux, où l’agitation eftant plus grande, il leur eft plus ayfe de con- tinuer leur mouuernent. Toutefois il y en a toufiours quantité’de fort petites qui fe coulent parmi ces plus grofles. Et il eft a remarquer que tous les cors terreftres ont bien des pores, par où ces plus petites peuuent paf- fcr, mais qu’il y en a plufieurs qui les ont fi eftroits, ou tellement difpofe’s, qu’ils ne recoiucnt point les plus grofles; & que ce font ordinairement ceux cy qui fe fen- tent les plus froids quaud ou les touche, ou feulement quand on s’en approche. Comme d’autant que les mar- bres Se les metaus fefentent plus froids que le bois, on doit penfer que leurs pores ne recoiuent pas fi facilemet les parties moins fubtiles de cette matiere; & que les po- rcs de la glace les recoiuent encore moins facilement que ceux des marbres ou des metaus,d’autant qu’elle eft: encore plus froide. Car ie fuppofe icy que pour le froid & le chaud, il n’eft point befoin de conceuoir autre cho- fe, flnon que les petites parties des cors que nous tou- chons, eftant agitées plus ou moins fort que de couftu- me, foit par les petites parties de cette matiere fubtile, foit par telle autre caufe que ce puifle eftre > agitent auf- fy plus ou moins les petits filets de ceux de nos nerfs qui font

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France