Page:Descartes - L’Homme, éd. 1664.djvu/8

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sans contrainte tout ce qu’il pense. I’avoue que cette éclatante action de justice que vous avez exercée en mon endroit, & qui m’a esté rendue d'une manière la plus obligeante & la plus généreuse qu'il est possible m'a tellement déterminé dans la résolution que i’avois à prendre sur le choix d’un Protecteur, que ie n'ay plus douté que ce ne fust vous, à qui appartenoit l’homme de nostre Philosophe. Avant cela i'estois en peine de qui ie devois l’offrir, & sous la protection de qui ie devois le mettre : Car ne voulant pas démentir dès l’entrée les Maximes du Sage qui en est l'Autheur, en les mettant sur une Teste qui ne les auroit pû porter, Ie regardois de tous costez où ie pourrois trouver un homme qui en fust digne, & qui témoignast par ses actions estre le Maistre de ses mouvements. Mais après avoir reconnu que la résistance vous apportiez à la juste poursuitte que ie faisois auprès de vous de mes intérests, & aux pressantes sollicitations dont ie taschois de fortifier mon droit, n'estoit pas un refus, mais le seul moyen raisonnable dont vous pouviez vous servir pour vous instruire pleinement de la vérité, afin d'empescher les surprises, & avoir sur quoy appuyer l'equité de vostre jugement; I'ay trouvé cette conduitte si sage, & si convenable à une personne qui est dans le rang que vous tenez, que i'ay crû voir en vous, cet homme-là mesme que décrit si admirablement Monsieur Descartes, qui gouverne tous les mouvements de son cœur avec tant de conduitte & de modération, & qui maitrise avec un empire si ab-