Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/149

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Ce que c’eſt que l’étonnement.

Et cette ſurpriſe a tant de pouvoir pour faire que les eſprits qui ſont dans les cavitez du cerveau y prennent leur cours vers le lieu où eſt l’impreſſion de l’objet qu’on admire, qu’elle les y pouſſe quelquefois tous, & foit qu’ils ſont tellement occupez à conſerver cette impreſſion, qu’il n’y en a aucuns qui paſſent de là dans les muſcles, ni meſme qui ſe détournent en aucune façon des premières traces qu’ils ont ſuivies dans le cerveau : ce qui foit que tout le corps demeure immobile comme une ſtatue, & qu’on ne peut apercevoir de l’objet que la première face qui s’eſt préſentée, ni par conſéquent en acquérir une plus particulière connaiſſance. C’eſt cela qu’on appelle communément eſtre étonné ; & l’étonnement eſt