Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/155

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que plus on rencontre de choſes rares qu’on admire, plus on s’accoutume à ceſſer de les admirer & à penſer que toutes celles qui ſe peuvent préſenter par après ſont vulgaires, toutefois, lorſqu’elle eſt exceſſive & qu’elle foit qu’on arreſte ſeulement ſon attention ſur la première image des objets qui ſe ſont préſentez, ſans en acquérir d’autre connaiſſance, elle laiſſe après ſoy une habitude qui diſpoſe l’ame à s’arreſter en meſme façon ſur tous les autres objets qui ſe préſentent, pourvu qu’ils luy paraiſſent tant ſoyt peu nouveaux. Et c’eſt ce qui foit durer la maladie de ceux qui ſont aveuglément curieux, c’eſt-à-dire qui recherchent les raretez ſeulement pour les admirer & non point pour les connaître : car ils deviennent peu à peu ſi admiratifs, que des choſes de nulle importance ne ſont pas moins capables de les arreſter que