fort déréglé, on ne peut avoir de l’amitié que pour des hommes. Et ils ſont tellement l’objet de cette paſſion, qu’il n’y a point d’homme ſi imparfoit qu’on ne puiſſe avoir pour luy une amitié tres-parfaite lorſqu’on penſe qu’on en eſt aimé & qu’on a l’ame véritablement noble & généreuſe, ſuivant ce qui ſera expliqué ci-après en l’article 154 & 156. Pour ce qui eſt de la dévotion, ſon principal objet eſt ſans doute la ſouveraine Divinité, à laquelle on ne ſauroit manquer d’eſtre dévot lorſqu’on la connaît comme il faut ; mais on peut auſſi avoir de la dévotion pour ſon prince, pour ſon pays, pour ſa ville, & meſme pour un homme particulier, lorſqu’on l’eſtime beaucoup plus que ſoy. Or, la différence qui eſt entre ces trois ſortes d’amour paraît principalement par leurs effets ; car, d’autant qu’en toutes on ſe conſidère