Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/216

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qui vient de la rate, laquelle partie du ſang étant pouſſée vers le cœur par quelque légère émotion de haine, aidée par la ſurpriſe de l’admiration, & s’y meſlant avec le ſang qui vient des autres endroits du corps, lequel la joie y foit entrer en abondance, peut faire que ce ſang s’y dilate beaucoup plus qu’à l’ordinaire ; en meſme façon qu’on voit quantité d’autres liqueurs s’enfler tout à coup, étant ſur le feu, lorſqu’on jette un peu de vinaigre dans le vaiſſeau où elles ſont. Car la plus coulante partie du ſang qui vient de la rate eſt de nature ſemblable au vinaigre. L’expérience auſſi nous foit voir qu’en toutes les rencontres qui peuvent produire ce ris éclatant qui vient du poumon, il y a toujours quelque petit ſujet de haine, ou du moins d’admiration. Et ceux dont la rate n’eſt pas bien ſaine ſont ſujets à eſtre