Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/268

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pas l’uſage entier de ſon libre arbitre, on ne ſe peut empeſcher de faire des choſes dont on ſçait qu’on ſe repentira par après ; puis auſſi en ce qu’on croit ne pouvoir ſubſiſter par ſoy-meſme ni ſe paſſer de pluſieurs choſes dont l’acquiſition dépend d’autrui. Ainſi elle eſt directement oppoſée à la généroſité ; & il arrive ſouvent que ceux qui ont l’eſprit le plus bas ſont les plus arrogants & ſuperbes, en meſme façon que les plus généreux ſont les plus modeſtes & les plus humbles. Mais, au lieu que ceux qui ont l’eſprit fort & généreux ne changent point d’humeur pour les proſpéritez ou adverſitez qui leur arrivent, ceux qui l’ont faible & abject ne ſont conduits que par la fortune, & la proſpérité ne les enfle pas moins que l’adverſité les rend humbles. Meſme on voit ſouvent qu’ils s’abaiſſent honteuſement