Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/285

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non point d’aucune émotion des eſprits ; c’eſt pourquoy elle n’eſt pas une paſſion, ſi ce n’eſt que la crainte qu’on a de manquer en ſon choix en augmente l’incertitude. Mais cette crainte eſt ſi ordinaire & ſi forte en quelques-uns, que ſouvent, encore qu’ils n’aient point à choiſir & qu’ils ne voient qu’une ſeule choſe à prendre ou à laiſſer, elle les retient & foit qu’ils s’arreſtent inutilement à en chercher d’autres ; & alors c’eſt un excès d’irréſolution qui vient d’un trop grand déſir de bien faire, & d’une faibleſſe de l’entendement, lequel, n’ayant point de notions claires & diſtinctes, en a ſeulement beaucoup de confuſes. C’eſt pourquoy le remède contre cet excès eſt de s’accoutumer à former des jugements certains & déterminez touchant toutes les choſes qui ſe préſentent, & à croire qu’on s’acquitte toujours de ſon