Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/317

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Pourquoy ceux qu’elle foit rougir ſont moins à craindre que ceux qu’elle foit palir.

Et les ſignes extérieurs de cette paſſion ſont différents, ſelon les divers tempéraments des perſonnes & la diverſité des autres paſſions qui la compoſent ou ſe joignent à elle. Ainſi on en voit qui paliſſent ou qui tremblent lorſqu’ils ſe mettent en colère, & on en voit d’autres qui rougiſſent ou meſme qui pleurent ; & on juge ordinairement que la colère de ceux qui paliſſent eſt plus à craindre que n’eſt la colère de ceux qui rougiſſent. Dont la raiſon eſt que lorſqu’on ne veut ou qu’on ne peut ſe venger autrement que de mine & de paroles, on emploie toute ſa chaleur & toute ſa force dès le commencement qu’on eſt ému,