Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/327

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Car il n’y a perſonne qui ne s’imagine, étant jeune, que la louange eſt un bien & l’infamie un mal beaucoup plus importants à la vie qu’on ne trouve par expérience qu’ils ſont, lors que, ayant reçu quelques affronts ſignalez, on ſe voit entièrement privé d’honneur & mépriſé par un chacun. C’eſt pourquoy ceux-là deviennent effrontez qui, ne meſurant le bien & le mal que par les commoditez du corps, voient qu’ils en jouiſſent après ces affronts tout auſſi bien qu’auparavant, ou meſme quelquefois beaucoup mieux, à cauſe qu’ils ſont déchargez de pluſieurs contraintes auxquelles l’honneur les obligeait, & que, ſi la perte des biens eſt jointe à leur diſgrace, il ſe trouve des perſonnes charitables qui leur en donnent.

Art. 208. Du dégoût.

Le dégoût eſt