Page:Descartes - Les Passions de l’âme, éd. 1649.djvu/89

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aperçoit par l’entremiſe des nerfs luy peuvent auſſi eſtre repréſentées par le cours fortuit des eſprits, ſans qu’il y ait autre différence ſinon que les impreſſions qui viennent dans le cerveau par les nerfs ont coutume d’eſtre plus vives & plus expreſſes que celles que les eſprits y excitent : ce qui m’a foit dire en l’article 21 que celles-ci ſont comme l’ombre ou la peinture des autres. Il faut auſſi remarquer qu’il arrive quelquefois que cette peinture eſt ſi ſemblable à la choſe qu’elle repréſente, qu’on peut y eſtre trompé touchant les perceptions qui ſe rapportent aux objets qui ſont hors de nous, ou bien celles qui ſe rapportent à quelques parties de noſtre corps, mais qu’on ne peut pas l’eſtre en meſme façon touchant les paſſions, d’autant qu’elles ſont ſi proches & ſi intérieures à noſtre ame qu’il eſt impoſſible qu’elle les ſente ſans qu’elles ſoyent véritablement