Page:Descartes - Les Principes de la philosophie, éd. 1647.djvu/75

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Première Partie 7

... si claires qu'on les obscurcit en les voulant delinir a la façon de l‘ecole, et qu'elles ne s'acquierent point par l'étude , mais naissent avec nous.

parmi ceux qui liront mes écrits, il s'en rencontre de si stupides qu'ils ne puissent entendre d'eux-mêmes ce que ces termes signifient. Outre que j'ai remarqué que les philosophes, ‘en tachant d'expliquer par les règles de leur logique des choses qui sont manifestes d'elles-mêmes, n'ont rien fait que les obscurcir ; et lorsque j'ai dit que cette proposition, je pense, donc je suis, est la première et la plus certaine qui se présente a celui qui conduit ses pensées par ordre, je ‘n'ai pas pour cela nié qu’il ne fallût savoir auparavant ce que c'est que pensée , certitude, existence, et que pour penser il faut être, et autres choses semblables; mais a cause que ce sont là des notions si simples que d'elles-mêmes elles ne nous font avoir la connaissance d'aucune chose qui existe, je n'ai pas jugé qu'elles deussent êtres mises ici en compte.

XI. Comment nous pouvons plus clairement connoître notre âme que notre corps.

OR afin de savoir comment la connaissance que nous avons de nostre pensée precede celle que nous avons du corps, et qu'elle est incomparablement plus évidente, et telle qu'encore qu'il ne fût point nous aurions raison de conclure qu'elle ne laisseroit pas d'être tout ce qu'elle est, nous remarquerons qu'il est manifeste, par une lumière qui est naturellement en nos âmes, que le néant n'a aucunes qualités