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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

même souffrance, même remède. Il se prescrivait de lui-même, Une nuit d’hiver.

Après un an d’exil, qui t’amène vers moi ?
Je ne t’attendais plus, aimable poésie ;
Je ne t’attendais plus, mais je rêvais à toi.
Loin du réduit obscur où tu viens de descendre,
L’amitié, le bonheur, la gaieté, tout a fui.
L’ingrat ! Il a puni jusques à mon silence,
Lassée enfin de sa puissance,
...................
Muse, je te redonne et mes vœux et mes chants.
Viens leur prêter ta grâce et rends-les plus touchants.
Mais tu pâlis, ma chère, et le froid t’a saisie.
C’est l’hiver qui t’opprime et ternit tes couleurs.
Je ne puis t’arrêter, charmante Poésie ;
Adieu ! tu reviendras dans la saison des fleurs.

Elle devait revenir bientôt, en effet, mais à la suite de quelle catastrosphe !

Le 10 avril 1816, Marceline perdait son fils Marie-Eugène,

Après soixante jours de deuil et d’épouvante.

Il avait un peu plus de cinq ans et demi.

Notons ici une circonstance singulière et propre à égarer les investigations.

L’acte dressé par devant l’officier de l’état civil baron Louis Devos, désigne le père de l’enfant ; et c’est M. Jean-Eugène de Bonne, négociant, âgé de 53 ans, qui a signé la déclaration de décès.

La supercherie est évidente. De Bonne, brave