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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

main a copié ces formules, paroles et musique ? Ce n’est point l’écriture de Marceline, sauf dans une chanson nègre dont elle a rectifié deux couplets.

Quelqu’un probablement, ami ou amie, butina petit à petit, pour Marceline, sur les opéras de Lully, Méhul, Grétry, Dalayrac, Spontini ou Berton, ces airs qui alternent, dans l’album, avec la romance de Henri IV : Charmante Gabrielle…, la romance de Chateaubriand : Combien j’ai douce souvenance, et même avec… le God save the king !

N’est-ce pas aux jours lointains où Mlle Desbordes cultivait la guitare et y devenait forte, que l’on susurrait, d’une voix plaintive, le motif d’Ariodant : « Femme sensible… » ; celui de la Lucile, de Grétry : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ?… » ; ou ceux encore de Dalayrac : « Lorsqu’on est si bien ensemble, devrait-on jamais se quitter ? » et : « Pour mieux te prouver mon amour, ô ma fidèle amie… »

Voilà pourtant les philtres qui gonflaient le cou des tourterelles de France, au temps de la reine Hortense et de Mme Cottin !

En préparant les siens, Marceline avait encore à la bouche le goût des autres :

Selgar laissait oisifs sa harpe et son courage…
… Tu le veux, disait un guerrier
À la tendre et belle Imogine…

enfin toutes les lampées d’Hoffman, de Desforges, de Jouy et de Bouilly, dont elle avait été abreuvée.