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L’ÉPOUSE

cette secousse électrique ? Un peu moins et un peu plus de cinquante ans ! Il y en avait vingt-cinq que l’Autre s’était éloigné d’elle… et dans la mémoire de l’abandonnée, maintenant épouse et mère irréprochable, il tonnait encore !

Ce n’était point pour la dernière fois.

À la fin de mars 1837, le directeur du théâtre de Lyon, dont le choléra achevait la ruine, ne rengageait pas Valmore, et Marceline, ouvrant la retraite avec ses filles, quittait Lyon, arrivait à Paris en pleine nuit, sous la neige, et attendait le jour dans la cour des Messageries royales, au milieu des bagages et des conducteurs sans complaisance. Puis, Caroline Branchu offrait l’hospitalité à la famille vagabonde, jusqu’à ce que Mme Valmore lui eût assuré un gîte et des moyens d’existence. Elle se mettait aussitôt en campagne et, à force d’instances et de Dumas sans doute, parvenait enfin à faire adjoindre son mari, en qualité d’administrateur, à Lireux, directeur de l’Odéon, de l’Odéon sur le point de rouvrir, momentanément. Le théâtre rouvrait, en effet, mais le succès du Caligula, de Dumas, ne sauvait pas l’entreprise et, à la fin de juin 1838, Valmore, sa femme et leurs enfants retombaient malheureux.

Ce qui se passa alors, une lettre de Sainte-Beuve à Juste Olivier nous l’apprend. Martin du Nord, ministre de la justice, était disposé à venir en aide aux pauvres gens ; on eût casé Valmore dans l’industrie ; mais sa mauvaise étoile lui